Depuis plusieurs années, la France poursuit de nombreux nouveaux projets de géothermie profonde en Alsace, dans le bassin parisien et dans le massif central.
En 2016, le projet EGS de Soultz-sous-Forêts, initié comme projet de recherche, est passé en phase d’exploitation commerciale après plus de 20 ans. En 2016 également, l’installation géothermique industrielle réalisée par Électricité de Strasbourg (ÉS) à Rittershoffen a été inaugurée. Des travaux de stimulation complets ont permis d’y augmenter sensiblement l'efficience et la rentabilité.
Dans le bassin parisien également, plusieurs nouveaux projets de chaleur ont été réalisés et/ou planifiés au cours des dernières années.
Au début de l'été 2017, TLC Geothermics et Storengy ont déposé des demandes pour deux licences d’exploration de réservoirs géothermiques dans le sous-sol du Massif central.
La région de Munich est une région phare pour l’utilisation de la géothermie. Des nouveaux projets de géothermie voient le jour continuellement dans la ville et ses environs. D’ici 2040, l’intégralité du chauffage à distance de cette ville de 1,5 million d’habitants doit être fournie par de la chaleur renouvelable issue de la géothermie.
La Rhénanie-du-Nord-Westphalie (RNW) souhaite supprimer l’usage du charbon au cours des prochaines années. Le charbon n'est pas seulement important dans le secteur de l'électricité, mais représente aussi la source d'énergie du plus grand réseau de chauffage à distance d'Europe qui se situe dans le bassin de la Ruhr. Plus de 5 millions de personnes vivent dans cette région densément peuplée. Avec la sortie du charbon, une énorme pénurie d’approvisionnement pèse sur le secteur de l’approvisionnement en chaleur. C’est pourquoi en RNW, le projet TRUDI (Tief runter unter die Ruhr – En profondeur sous la Ruhr) lancé fin 2017 porte sur l’exploration puis l’exploitation du potentiel géothermique de la région. Durant la première phase, des forages atteignant 1500 m de profondeur doivent être réalisés. À cette profondeur, on testera ensuite la circulation d'eau et l'utilisation du sous-sol comme accumulateur de chaleur. Le stockage de la chaleur est extrêmement important pour cette région densément peuplée. Dans une étape ultérieure, le sous-sol sera exploré jusqu’à 5000 mètres de profondeur. Le projet, financé par le Land de RNW et l’Etat fédéral, est mis en œuvre par le Geothermiezentrum Bochum GZB. Geo-Energie Suisse AG est en contact étroit avec le GZB. Dans le cadre GEOTHERMICA, un projet de R&D commun a été déposé et attribué avec succès en mai 2018.
Le gouvernement néerlandais aspire à une indépendance croissante vis-à-vis du gaz naturel. Il s’agit de l’un des principaux moteurs du développement exponentiel de la géothermie dans ce pays. De nombreux projets visant à couvrir les besoins en chaleur élevés de l'agriculture ont également été développés. D’autres sont en cours de planification. En outre, 2500 accumulateurs géothermiques de chaleur étaient déjà en exploitation aux Pays-Bas en 2015. Ils ont permis de réduire substantiellement la consommation d'énergie primaire et donc également les émissions de CO2 du pays.
En 2015, Vito N.V. a attribué un mandat pour cinq projets de géothermie en Belgique. Les deux premiers forages, d’une profondeur respective de 3600 et 4600 m, ont déjà été réalisés avec succès et représentent ainsi le premier doublet de géothermie profonde en Belgique. Les travaux de forage pour le troisième forage, prévu à 5000 m de profondeur, ont débuté en octobre 2017. Tous les projets visent l'approvisionnement en électricité et en chaleur. D'autres projets sont en cours de planification.
Le US Department of Energy encourage depuis des décennies l'étude et le développement des projets EGS. Dans le cadre de FORGE (Frontier Observatory for Research in Geothermal Energy), le développement de la technologie EGS dans les forages profonds s’accélère. Le budget prévu s'élève à environ 150 millions de dollars américains. L'objectif n'est pas la construction d'une centrale électrique, mais uniquement le développement de la technologie, afin de l’amener à maturité industrielle. Deux projets ont reçu en 2017 un crédit pour passer à l’étape suivante: Utah (Milford Site) et Nevada (Fallon Site). Les deux sites suivent le même concept que Geo-Energie Suisse AG.
Actuellement, un projet EGS est en cours de réalisation en Finlande sur mandant du fournisseur d’énergie st1. Dans ce projet, deux forages atteignant près de 7000 m de profondeur sont réalisés dans la roche cristalline. Le président du Conseil d’administration de Geo-Energie Suisse, Daniel Schafer, et le CEO, Peter Meier, ont visité le site de forage en juin 2017. Celui-ci a pu être réalisé sur une surface d'environ 3000 m² (Illustr. 19). En général, de telles installations de forage de 450 t nécessitent des places de forage d’environ 15 000 m².
Dans le cas du projet finlandais, une technique de forage au marteau pneumatique novatrice a été testée avec succès. Par rapport au procédé de forage Rotary traditionnel, elle a permis d’atteindre une vitesse 10 à 20 fois supérieure. Les tronçons de forage déviés ont par contre encore été forés de façon conventionnelle. De plus, une nouvelle technique recourant à un marteau hydraulique est en cours développement. Elle devrait atteindre une vitesse de forage multipliée par 10 et pourra être utilisée à des profondeurs auxquelles le marteau pneumatique n'est plus utilisable.
Les forages finlandais sont réalisés par la société H. Anger’s Söhne, qui est également envisagée pour les travaux de forage de Geo-Energie Suisse AG à Haute-Sorne.
Afin de pouvoir extraire et utiliser la chaleur géothermique de la roche, il a fallu qu’un échangeur de chaleur soit créé dans les profondeurs du sous-sol afin que l'eau puisse y circuler. St1 a achevé avec succès à la fin juillet 2018 les opérations de stimulation hydraulique nécessaires au développement de l’échangeur de chaleur. De manière similaire au système de stimulation multi-étapes de Geo-Energie Suisse, la stimulation a été effectuée par étapes successives le long de forages déviés.
Pendant la phase de stimulation, les experts de St1 ont pompé de l'eau dans le forage et surveillé le processus avec des géophones installés dans la zone urbaine. En outre, l'Institut de sismologie de l'Université d'Helsinki a utilisé ses propres géophones pour surveiller la stimulation de manière indépendante. Le microséisme le plus puissant enregistré a atteint une magnitude de 1,9. Les autorités ont fixé des valeurs limites pour la microsismicité à un niveau bien inférieur à celui qui est utilisé, par exemple, pour les travaux à l’explosif. La stimulation a pu être contrôlée et réalisée en toute sécurité dans le cadre de ces limites prédéfinies. Les seuils étaient particulièrement bas car le projet se situe dans la ville d'Espoo, dans la région métropolitaine d'Helsinki. Les effets perturbateurs ont pu être minimisés grâce aux valeurs limites basses et une réaction rapide était possible en cas de nécessité. L'activité microsismique durant la stimulation n’a pas été perceptible sous forme de vibrations, mais on a pu la percevoir acoustiquement sous forme de grondements et de coups. Ces bruits ont été enregistrés et documentés sur la base des réactions des résidents et des mesures acoustiques.